« Suicide des externes, internes, docteurs en médecine, en France, entre 2007 et 2017 : un gradient Nord-Sud ? »

« Suicide des externes, internes, docteurs en médecine, en France, entre 2007 et 2017 : un gradient Nord-Sud ? »

Par Barbara Lantier, étudiante en médecine générale remplaçante

02/10/2019

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[TRIBUNE] Barbara Lantier, étudiante en médecine générale remplaçante, a réalisé une thèse sur le suicide des externes, internes et docteurs en médecine en France.

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Par Barbara Lantier, étudiante en médecine générale remplaçante

Dans une Région du "Nord" de la France, dès la première année de médecine, nous apprenons funestement et à "demi-mot", chaque année, plusieurs suicides de collègues. Ces disparitions touchent des étudiants en médecine, des internes, et des docteurs en médecine, parmi lesquels nos propres formateurs. Ces suicides ont lieu à leur domicile, et aussi sur le lieu de travail, avec parfois une lettre du défunt retrouvée. Ils se produisent par précipitation d'un haut étage, et pendaison entre autres .

Par la suite, alors Interne dans le "Sud" de la France, après deux ans d’Iinternat, sont évoqués deux suicides de futurs médecins dans la région - soit un fort contraste .

Points communs néanmoins face à ces suicides : un certain mutisme collectif est ressenti, et aucun débriefing spécifique, ni "communication extra-ordinaire", ni formation dédiée, etc … ne nous auront été ouvertement proposés, ni au Nord ni au Sud de la France. Faits suffisamment tragiques et déconcertants pour entreprendre cette recherche.

Cette étude est dédiée à tous les collègues, et confrères formateurs entre autres, disparus trop tôt, en hommage à leur travail et leurs vies .

Nous remercions en particulier tous ceux et celles ayant contribué à la concrétisation de notre étude.


UNIVERSITÉ DE NICE SOPHIA ANTIPOLIS - FACULTÉ DE MÉDECINE DE NICE
LANTIER Barbara - Thèse soutenue le 25/09/2019 - Dirigée par le Dr KARDOUS Robin
Thèse d’Exercice de Médecine Générale



Introduction - Devant un constat tragique de suicides des futurs médecins et médecins, et une recherche croissante sur cette problématique, nous nous sommes interrogés sur une éventuelle différence pour ces cas, entre le Nord et le Sud de la France.

Méthodes - Nous avons testé cette hypothèse en tentant de calculer les prévalences de suicides d'externes, internes, et médecins thésés, dans quatre CHUs/régions du Nord de la France, et quatre du Sud, entre 2007 et 2017, selon un premier protocole. Ensuite, nous avons suivi un second protocole (questionnaire) destiné aux formateurs des mêmes CHUs/régions, sur la prévention dans la formation médicale, de ces suicides .

Résultats - Première partie : pour plusieurs raisons, nous avons du nous limiter à dénombrer 23 cas inclus (sources "non officielles", faute de registre). Presque trois fois plus d’hommes que de femmes se sont suicidés. Depuis 2015, le nombre de suicides augmenterait. Contrairement à notre présupposé, les régions « sudistes » semblent les plus touchées par le suicide, de la Région PACA/CHU Nice-Bastia (sept cas) à aucun cas pour l’Auvergne/CHU Clermont-Ferrand.

Il atteindrait d’abord les cinquantenaires, puis les individus entre 26 et 29 ans, puis les quadragénaires ; d’abord les internes, devant les médecins en libéral seuls, comme les "au moins PHs"/PUPH en CHU, puis les médecins en cabinet de groupe ; d’abord les MG, comme les psychiatres, puis les anesthésistes-réanimateurs, comme les chirurgiens. L’injection létale serait le premier moyen, puis la précipitation d’un haut étage. L’épuisement professionnel serait l’antécédent le plus fréquent, devant l’alcoolo-dépendance, puis la maladie bipolaire.

Deuxième partie : 67, 8 % des 435 répondants, ont déjà connu un cas de suicide de futur médecin/médecin. 82,8% ne connaissent pas vraiment l’UE 3 ni l’item 58 de l’ I-Ecn.

80% approuvent une formation spécifique pour recevoir l’entourage d'un futur médecin /médecin, suicidé. 82,5% approuvent un ou plusieurs items de prévention du suicide des futurs médecins/médecins, dans la formation médicale. La majorité (70,5 % en moyenne) ignore si une formation de prévention du suicide des futurs médecins /médecins - pour les externes, internes, docteurs en médecine- existe dans leur CHU/région. 72,4 % des répondants approuvent l’idée d’un registre prospectif des suicides des futurs médecins /médecins en France.

Discussion-Conclusion - Malgré les biais, les limites, et l’absence de données "officielles" pour notre étude, nos résultats ouvrent des perspectives pour optimiser l’épidémiologie médicale. Les réponses des médecins formateurs suggèrent de multiples améliorations pour prévenir ces suicides.

Autrice: Barbara Lantier, étudiante en médecine générale remplaçante. Sa thèse est à télécharger ici Télécharger le document

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