Rupture des stocks de matériel médical : la chasse aux trésors des médecins

Rupture des stocks de matériel médical : la chasse aux trésors des médecins

"Tabliers, charlottes sont impossibles à trouver"

Les médecins, généralistes comme des autres spécialités, sont soumis à des consignes strictes d’aménagement et de désinfection dans leurs cabinets. Alors que le déconfinement approche, ils peinent toujours à se procurer le matériel nécessaire.

“Il n’y a aucune référence en stock”. Matthieu Cauchois, médecin ORL, va bientôt reprendre les consultations. Pour accueillir les patients, les consignes sont strictes : aménager l’espace afin d’éviter les contacts, désinfecter entre chaque patient. Problème : il est impossible de se procurer les produits indispensables. Tous les sites de vente en ligne de matériel médical où il se fournit d’habitude sont en rupture. “Depuis le début de la crise, il y a ce souci”, raconte le médecin orléanais.
Même écho à Paris, où David Azérad, médecin généraliste dans le 20e arrondissement, fait face aux mêmes difficultés. “Dès le début du mois de février, on a voulu passer commande sur les sites de nos fournisseurs, et tout était déjà bloqué”, se souvient-il, “On a dû quémander des masques auprès des pharmaciens”.




Les recommandations adressées aux ORL pour recevoir des patients

En tant qu’ORL, Matthieu Cauchois fait pourtant partie d’une profession très exposée. Il reste démuni pour certains gestes médicaux, comme la fibroscopie, un acte à risque qu’il pratique plusieurs fois par jour : “Il faut un tablier étanche en plus d’une combinaison, sauf qu’il n’y a plus de tabliers dans toute la France”. Gants, charlottes, sur-chaussures sont aussi devenus impossibles à dénicher. Assurer sa sécurité prend des allures de chasse au trésor pour se procurer le matériel indispensable.

Bricoler pour se protéger


Certains avaient refait leurs stocks habituels juste avant l’explosion du virus, comme David Azérad. D’autres n’ont pas eu cette chance.

Alors, pour se protéger et protéger les patients efficacement, les médecins ont recours au bricolage. “Heureusement, l’alcool à 70° et l’eau de javel sont efficaces”, explique Matthieu Cauchois. Il s’est donc équipé d’un spray qu’il a rempli d’alcool pour nettoyer le fauteuil où s’asseyent ses patientes, et tout le bloc de consultation.

Bernard Huynh, gynécologue et membre de la Fédération des Médecins de France, a continué à travailler en clinique pendant le confinement. Ses collègues et lui ont trouvé une autre astuce : “Nous avons déniché des combinaisons dans des magasins de bricolage”. Normalement, ces protections sont destinées aux chantiers.

“Il y a eu un problème de logistique”


Pour le praticien, “il y a eu un problème majeur de logistique du matériel médical, de la part de l’Etat”. Il ajoute : “Il ne suffit pas d’éditer des recommandations écrites, de dire qu’il faut des masques pour que les masques apparaissent”.

Le généraliste David Azérad soupire lui aussi : “On a reçu les directives beaucoup trop tard. Heureusement qu’on ne les a pas attendues.” Comme beaucoup de professionnels de la santé, il s’est senti abandonné. Matthieu Cauchois, lui, s’inquiète : “Il n’y a même pas de masques pour les secrétaires médicales, alors que ce sont elles qui reçoivent les gens”.

Les recommandations de l’Etat ne comprennent pas seulement l’utilisation de protections, mais aussi un réaménagement total des cabinets et salles d’attente. Une transformation qui peut coûter cher : Matthieu Cauchois et son associé ont dû débourser près de deux mille euros pour remplacer leur moquette par du lino, et installer du plexiglas.

A quand un retour à la normale ?


Avec l’approche du déconfinement, la demande est d’autant plus forte : en plus des clients habituels que sont les professionnels de la santé, ce sont toutes les entreprises qui cherchent à se procurer les mêmes produits. Sur les sites comme Robé, NMMédical ou encore Distrimed, aucun délai n’est affiché. Désinfectants de surface, surblouses, sont notés comme “indisponibles” ou “en cours d’approvisionnement” sans qu’aucune date ne soit précisée.

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