Recalés du CNPH 2021 : l’envers du décor

Recalés du CNPH 2021 : l’envers du décor

05/06/2023

En mai 2022, Jeunes Médecins était contacté par une vingtaine de jeunes collègues qui avaient été recalés au Concours national de praticien hospitalier (CNPH) 2021. Un an plus tard, nous avons souhaité prendre de leurs nouvelles.

Un tiers d’entre eux nous ont déjà répondu, et leurs retours sont édifiants :
- ceux qui ont repassé et obtenu le concours 2022 ont presque tous présenté le même dossier qu’en 2021 ;
- celui qui ne l’a pas eu, a obtenu une note pour son « parcours professionnel » moins bonne qu’il y a un an bien qu’il ait suivi plusieurs formations et acquis une année d’expérience professionnelle supplémentaire ;
- quant à celui qui n’a pas souhaité le repasser, il est le seul médecin « stable » à tenir son service hospitalier actuellement.


Nos 6 premiers répondants sont principalement des femmes (5 sur 6).

Sur 6 médecins recalés l’année passée, 4 médecins ont obtenu le concours cette année.

En spécialité médecine générale, les 3 candidats ont été reçus en présentant le même dossier. L’un d’entre eux avait été recalé l’année dernière notamment pour « absence d’exercice diversifié » mais a obtenu cette année le concours sur le même poste. L’un des deux autres avait quant à lui été recalé (malgré trois ans de service rendu dans l’établissement + un poste créé et tracé dans les lettres de recommandations + un projet médical avec ouverture d’un nouveau service + DIU en cours) pour absence de formation en médecine polyvalente et d’études comme investigateur principal. Bien que son recours au CNG n’ait rien donné l’année dernière, il a repassé le concours « seul moyen de pouvoir progresser au sein du CH ». Le jury du concours 2022 a considéré son parcours bon et suffisant, et a demandé au candidat pourquoi il avait été refusé l’année passée … « Ubuesque » selon ce candidat, bien que cet aveu d’incompréhension « soulage quelque peu ».

Dans une autre spécialité, le candidat a choisi pour le concours 2022 de prendre la spécialité de son DES et non plus la spécialité qu’il exerce et qu’il avait choisi l’année passée. Selon lui, ils ont été nombreux de son CHU à être recalés dans la spécialité qu’il avait choisi l’année dernière, et pourtant ils ont obtenu le concours en 2022, laissant suspecter « un règlement de compte personnel ». Il a obtenu une superbe note au CNPH qui « aide à passer le goût amer de l’année dernière ».

Sur 6 médecins, 1 seul médecin a été de nouveau recalé. Bien qu’il ait une année d’expérience professionnelle supplémentaire (soit désormais 5 ans d’expérience dans son CHU), de nouvelles formations à son actif, et qu’un poste soit désormais fléché motif 3 (c’est-à-dire dans l’attente de l’inscription d’un praticien sur la liste d’aptitude au CNPH des établissements publics de santé) dans le service où il est responsable d’unité, il a obtenu une moins bonne note pour ses « parcours et projets professionnels » (90 au lieu de 95 sur 100 l’année dernière). C’est « incompréhensible ». Il souligne que le manque de publications en premier auteur lui a été reproché, mais il n’a « pas le temps d'en faire, étant donné que nous sommes en sous-effectif à l’hôpital ».
C’est simple, on n’est pas « apte à exercer avec un statut de PH mais apte avec un statut précaire de praticien attaché en CDD ».

Enfin, 1 médecin n’a pas souhaité repasser le concours en spécialité médecine générale « découragé par cet évènement et déçu du système » mais il est resté contractuel sur le même poste, et depuis un an, sur les 4 médecins de son service, 3 sont partis à la retraite faisant de lui le seul médecin « stable » actuellement.

Jeunes Médecins regrette que de nombreux jeunes professionnels peinent toujours à comprendre les motivations de certains jurys, et voient finalement dans ce concours un exercice aux conditions et à l’issue très incertaines voire arbitraires :
« J'ai l'impression que la notation de ce concours n'est pas objective et que c'est un peu en fonction de la tête du client... »
Jeunes Médecins rappelle que l’objectif du concours est de confirmer qu’un praticien est apte à exercer dans un établissement public. Il faut garder cette exigence à l’esprit et rien que cette exigence, pour assurer la reconnaissance de ceux qui ont investi du temps et de l’énergie au service des hôpitaux publics français et qui veulent contribuer à l’avenir du service public hospitalier.

Crédit photo : Skitterphoto

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