Quatrième année au Diplôme d’Etudes Spécialisées (DES) de Médecine Générale : le texte est paru

Quatrième année au Diplôme d’Etudes Spécialisées (DES) de Médecine Générale : le texte est paru

29/08/2023

Quatrième année au Diplôme d’Etudes Spécialisées (DES) de Médecine Générale : le texte est paru

C’est désormais officiel, bien que contestée, la nouvelle maquette du diplôme d'études spécialisées (DES) de médecine, prévoyant la mise en place d’une quatrième année supplémentaire, s’appliquera aux quelques 3 600 internes de médecine générale qui commenceront leur internat à la rentrée 2023.

L'arrêté du 3 août 2023 portant modification de la maquette de formation du diplôme d'études spécialisées de médecine générale, paru au Journal officiel, prévoit pour cette quatrième année : deux semestres d’enseignements, dits phase de consolidation, et deux stages d'un semestre en secteur ambulatoire de niveau 3.

1. Deux semestres d’enseignement, dits phase de consolidation

Cette phase de consolidation a pour objectif la consolidation « des connaissances et compétences professionnelles acquises lors des deux premières phases et nécessaires à l’exercice de la spécialité ». Elle s'organise sur un volume horaire de deux demi-journées par semaine : l'une en supervision, l'autre en autonomie.

Les enseignements de cette phase sont listés dans l’arrêté comme suit :
- des travaux d'écriture clinique,
- des groupes d'échanges de pratique territoriaux,
- des groupes de formation à la relation thérapeutique et à la psychothérapie en médecine générale,
- des groupes de tutorat centrés sur les familles de situations définies pour la spécialité,
- des ateliers de simulation pouvant faire appel à des patients experts-enseignants ainsi que des ateliers procéduraux, c'est-à-dire l'apprentissage des gestes pratiques,
- des ateliers pratiques "entrée dans la vie professionnelle", concernant par exemple la gestion d'un cabinet, le management, la fiscalité, l'éthique médicale et la déontologie,
- des jeux de rôle, notamment dans le cadre de l'initiation à la pédagogie et à l'encadrement des étudiants de deuxième cycle,
- des ateliers gestion des urgences au cabinet et en permanence des soins ambulatoires.

Les objectifs de connaissances et compétences à acquérir durant cette phase concernent :
- l'organisation du système de santé et la structuration du parcours de soins des patients,
- l'entrée dans la vie professionnelle,
- la définition et la construction de l'identité professionnelle et du professionnalisme,
- le rôle d'acteur de santé publique du médecin généraliste,
- l'éthique et la déontologie médicale,
- le numérique en santé,
- et enfin une initiation à la pédagogie médicale.

Des objectifs assez vagues en somme que l’interne a déjà eu l’occasion d’assimiler au cours de ses neuf années d’études.

2. Deux semestres de stage en secteur ambulatoire

La réelle raison derrière l’adoption de cette année supplémentaire semble plus tenir à l’ajout des deux stages d'un semestre en secteur ambulatoire de niveau 3.

Ces derniers, accomplis auprès d'un ou plusieurs praticiens maîtres de stage des universités (MSU) agréés en médecine générale, doivent permettre la réalisation de demi-journées "dédiées et adaptées au projet professionnel de l'interne", lui permettant de découvrir d'autres modes d'exercice et de se former à la coordination des parcours de soins.

Ces autres modes d'exercice sont par exemple :
- les réseaux de soins (équipes mobiles gériatriques, équipes mobiles de soins palliatifs…),
- les hôpitaux de proximité,
- les Ehpad "ou d'autres structures de soins dans lesquelles il pourrait être amené à exercer ou avec lesquelles il pourrait être amené à coordonner le parcours de soins des patients". Le stage vise aussi à ce que le docteur junior participe à la permanence des soins ambulatoires lorsque son MSU et/ou le médecin thésé en charge de sa supervision y participe également. Signe que cette année supplémentaire sert surtout à gagner encore un peu plus de main-d’œuvre peu coûteuse.

À noter tout de même que l’arrêté prévoit le droit aux étudiants de pouvoir bénéficier de deux stages distincts, en cas de stage démarré dans de mauvaises conditions, de mésentente professionnelle ou d'un projet professionnel nécessitant un autre terrain de stage.

Une dérogation possible pour un stage en secteur hospitalier

Aussi, il est possible pour l'étudiant de demander à accomplir un stage en secteur hospitalier ou en secteur extra-hospitalier, en lien avec son projet professionnel, à la place d'un des deux stages en soins ambulatoires. Dans ce cas, les conditions et modalités d'un tel stage seront validées par le coordonnateur local du DES de médecine générale, la commission locale de coordination de la médecine générale et le directeur de l'unité de formation et de recherche.

Ce stage devra être effectué dans un à plusieurs lieux hospitaliers agréés à titre principal en médecine générale ou auprès d'un à deux praticiens et dans un lieu hospitalier agréé pour les premiers à titre principal en médecine générale, et pour le second au moins à titre complémentaire en médecine générale.

Jeunes Médecins reste vivement opposé à la création de cette 4e année, inutile telle qu’envisagée et totalement incohérente avec l’ensemble des politiques publiques menées. Il serait naïf de ne pas voir dans cet allongement de la durée de la maquette une solution de facilité pour remplir par des internes très qualifiés et compétents des pôles de santé ambulatoires désertés à l’instar de ce qui se fait déjà à l’hôpital public. C’est encore une fois déconsidérer le travail effectué par les internes d’autant plus lorsque l’on compare la rémunération prévue pour ces docteurs juniors de médecine générale à celle de n’importe quel jeune médecin généraliste qui déciderait de s’installer ou de remplacer… La question même du mode de rémunération pose un problème majeur en introduisant un lien entre le nombre d’actes réalisés par le docteur junior et le salaire perçu. D’une part, seule doit prévaloir la qualité de la formation des terrains de stages et non une potentielle valorisation d’une rémunération aujourd’hui indécente et, d’autre part, il ne peut exister de différence de mode de rémunération entre les internes des différentes spécialités. Un statut, des mêmes droits pour toutes et tous.

C'est pourquoi Jeunes Médecins a fait part de ces problématiques au ministère de la Santé et de la Prévention et a notamment soulevé l'absence de textes relatifs à la rémunération de cette quatrième année. Aucun décret n'est paru et il n'y a même pas de trace de projet de texte accessible, alors même que la maquette prend effet dès septembre. Dans l'hypothèse où le ministère ne répondrait pas à nos interrogations ou refuserait nos demandes, Jeunes Médecins attaquera cet arrêté et mettra en demeure le ministère par référé au motif qu'il a adopté la quatrième année alors que la rémunération de celle-ci n'est pas fixée.

Crédit photo : Parentingupstream de Pixabay

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