Marie-Noémie Plat, psychiatre en milieu carcéral

Marie-Noémie Plat, psychiatre en milieu carcéral

Portrait de femme médecin #4

Dans le cadre de notre enquête sur la féminisation de la médecine, nous vous proposons une série de portraits de femmes médecins. Rencontrez cette semaine Marie-Noémie Plat, psychiatre à la maison d’arrêt de Lyon-Corbas.

Marie-Noémie Plat a su très tôt qu’elle voulait être psychiatre. “Parce que le lien thérapeutique avec le patient est sincère et fort, qu’on rentre dans l’intimité de la vie des gens”, précise la jeune femme de 32 ans. Mais elle ne s’imaginait pas du tout exercer en prison avant d’effectuer un stage d’internat à la maison d’arrêt de Lyon-Corbas. “Et puis j’ai rencontré une équipe bienveillante, humaine, motivée et soudée qui m’a donné envie de rester...”

“À délits égaux les femmes sont moins incarcérées"


Un cadre de travail un peu particulier qui lui permet de se confronter à l’ensemble des pathologies psychiatriques existantes, le plus souvent “colorées par des troubles de la personnalité”, “avec des passages à l’acte violent sur soi-même ou sur autrui”. Dans la même journée, elle peut se “retrouver à faire de l’addictologie, de la gestion de crise suicidaire, de la prise en charge de patients schizophrènes parfois en décompensation, ou de la gestion du choc carcéral”, et doit donc faire preuve d’“adaptabilité” et de “créativité”.

Surtout depuis qu’elle a été nommée, en novembre 2018, responsable des soins psychiatriques du bâtiment des femmes, “chez qui les troubles de la personnalité et les pathologies psychiatriques s’expriment différemment”. Logique : “À délits égaux les femmes sont moins incarcérées que les hommes, donc les femmes sont incarcérées pour des infractions plus graves, souvent des crimes, et représentent une population plus vulnérable sur le plan social et psychiatrique. ”

“La peur est taboue mais nécessaire”


Et si le statut de médecin, pourtant “très respecté au sein de l’institution pénitentiaire”, n’empêche pas les praticiens qui y mettent les pieds d’être “des pièces rapportées”, leur position est encore plus délicate quand ils sont eux-même des femmes. Car comme le regrette Marie-Noémie Plat, “le milieu carcéral est un milieu très masculin, où l’on est parfois obligés d’adopter une une position ‘phallique’ d’autorité et d’affirmation de ses positions .”

Sans parler de la peur, qui est “taboue”, mais “normale”, voire “nécessaire” pour exercer en milieu carcéral : “Je ne suis pas d’accord avec l’idée selon laquelle il ne faut pas avoir peur pour être un bon soignant en prison. Au contraire. Certes la peur ne doit pas sidérer, mais elle est normale et il faut savoir la reconnaître, pas la nier, car elle peut être un élément clinique important pour établir le bon diagnostic et prendre les bonnes décisions.”

Pas encore adhérent ?

Faites partie de la communauté des Jeunes Médecins

  • > Faites-vous entendre et participez au renouveau de la profession
  • > Profitez des offres et des avantages réservés aux adhérents
  • > Participez aux événements dans votre région