Les médecins en centre de santé “complètement oubliés des négociations”

Les médecins en centre de santé “complètement oubliés des négociations”

Cadences infernales et Rosp non redistribuées

Invités à l’inauguration du Ségur, mais oubliés des négociations, les médecins en centre de santé ne se sentent pas représentés.

Six patients en une heure, soit un patient toutes les dix minutes. C’est la cadence de consultation à laquelle certains médecins exerçant en centre de santé sont soumis. “Du coup, certains patients se font à peine examiner”, rapporte Céline*, une médecin en centre de santé. “On a eu écho il y a quelques années d’un centre où de telles cadences étaient imposées, mais pour nous c’était du passé, nous n’avions pas eu d’autres remontées de ce type depuis”, fait valoir l’union syndicale des centres de santé, le seul syndicat des médecins en centre de santé. Mais d’après Céline, ces rythmes infernaux sont imposés dans “beaucoup de centres de santé”.

Une rémunération à la vacation ou au nombre de patients


Les centres de santé se déclinent de deux manières: il y a les municipaux, gérés par la ville, où les médecins ont un statut de vacataire. Ils sont payés à la vacation, c’est à dire un tarif horaire fixe. “Pour une vacation de quatre heures, par exemple, on te demande de voir un certain nombre de patients. Mais tu es payé au même prix qu’importe le nombre de patients que tu vois”, explique Céline. Les centres de santé privés, eux, sont des “fondations d’intérêt public à but non lucratif”, renseigne la médecin. “Les médecins sont aussi vacataires, mais sont payés au patient: ce n’est a pas un salaire fixe”. Le tarif est conventionné secteur 1, “contrairement aux cliniques privées où il y a des dépassements d’honoraires”, note Céline. “L’avantage c’est que officiellement, c’est du salariat: tu fais ton travail, mais tu n’as pas à t’occuper des charges de ton cabinet. Par contre, la rémunération du secteur 1 est tellement faible que tu es obligé d’augmenter la cadence de tes consultations pour avoir un salaire digne de ce nom. En moyenne, il reste 8€ par patient, sachant qu’on voit environ 3 patients par heure.”

“L’union syndicale a toujours été claire sur le souhait que les médecins soient payés à la fonction et non au % de l’acte”, martèle le Dr. Villebrin, président de l’union syndicale des médecins en centre de santé. Il continue: “Le souhait, c’est que les patients ne soient pas les perdants de cette rémunération. On ne souhaite pas que les médecins payés à l’acte pratique des dépassements pour augmenter leur rémunération. C’est au gestionnaire d’augmenter la part de rémunération par rapport aux actes encaissés.”

“Les médecins en centre de santé sont complètement oubliés des négociations”


Pourtant, Céline ne se sent pas représentée par l’USMCS: “Les médecins en centre de santé sont complètement oubliés des négociations. Alors que c’est un mode d’exercice qui est de plus en plus populaire”. Elle regrette que l’USMCS ne soit “pas active”, et n’ai par exemple pas été invitée au Ségur de la santé. “C’était une déception d’être invité au lancement et non aux groupes de travail, et un manque de considération évident par rapport à l’union syndicale”, note le Dr. Villebrin, avant de poursuivre: “C’est un cuisant échec de ce Ségur, ne pas avoir pu mettre autour de la table les différents acteurs de la santé en France”.

Ces négociations, qui se passent donc souvent sans les représentants des médecins en centre de santé, aboutissent à des résultats mitigés pour Céline. “On a eu des rémunération sur objectifs de santé publique. En libéral, ça peut représenter un treizième mois, c’est énorme. Chez nous, ces Rosp sont encaissés par les centres de santé qui les redistribuent comme bon leur semble. Il y a des centres qui ne reversent pas un centime à leurs médecins, ou un pourcentage ridicule. C’est prévu pour la structure, pas pour les médecins”, prend-elle pour exemple.

“Nous sommes un syndicat qui n’est pas forcément au fait de tout ce qu’il se fait dans tous les centres de santé de France”, répond le président de l’USMCS. “Ce qui est très clair pour nous, c’est que nous souhaitons une qualité de vie optimale pour les médecins en centre de santé. Notre syndicat a sa porte grande ouverte pour discuter de ces questions. C’est vraiment un de nos principaux rôles, pour éviter tout abus de ce côté.”

Photo: capture d'écran du JT de Tébéo du 5 octobre 2018

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