Les jeunes médecins libéraux livrés à eux mêmes

Les jeunes médecins libéraux livrés à eux mêmes

“Je me sens laissé pour compte.”

Nombreux sont les médecins libéraux à connaître une énorme baisse d’activité depuis le début de la crise du covid. Si l’Assurance Maladie va leur mettre en place une aide aux charges, certains assureurs leur font faux-bond.

“Je me sens laissé pour compte.” Depuis le début de la crise du covid, le Dr. Jonathan Israël, jeune rhumatologue parisien, n’a quasiment plus de revenu. “Je fais un peu de téléconsultation, mais ça ne nourrit pas”, raconte-t-il, alors que le centre privé où il s’était établi a fermé ses portes dès le premier jour du confinement. Pendant dix jours, le Dr. Blandine Tamarel, urologue à Rouen, a noté une baisse de 95% de son activité. “A partir de fin avril, la téléconsultation a été plus acceptée par mes patients. Aujourd’hui, je suis à environ 30% de mon activité”, chiffre-t-elle. “Je suis démunie”, concède-t-elle.

Une baisse d’activité de 40% pour les généralistes, et 60% pour les spécialistes


Chez les praticiens libéraux, les retombées du confinement sont violentes. Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, estime à 40% la baisse de revenu des médecins généralistes, et à 60% celle des spécialistes. “C’est énorme”, commente-t-il. “C’est dû à plusieurs choses: les patients ne viennent pas dans les cabinets par peur d’attraper le coronavirus. Donc ils restent confinés, surtout les personnes âgées”, analyse-t-il, avant de poursuivre: “Avec le plan blanc, l’état a réquisitionné les établissements de soin où nous travaillons. On ne peut plus opérer”. Le Dr. Tamarel, par exemple, estime avoir réduit son activité opératoire à 5%. “Ca pénalise les chirurgiens, mais aussi tout ceux qui font de l’exploration: les gastros, les pneumos, les cardios…”, liste le président de la CSMF.



Pourtant, 80% des nos jeunes médecins libéraux souhaiteraient être plus impliqués dans le cadre de cette crise sanitaire, selon les résultats d’un sondage publié sur notre site et nos réseaux sociaux. Le Dr. Israël, par exemple, s’est porté volontaire pour aider à répondre aux appels de la plateforme CoviDom, pour l’AP-HP. “C’est notre rôle de soignant”, justifie-t-il.

Une aide aux charges de l’Assurance Maladie


Pour leur venir en aide, l’Assurance Maladie a annoncé, le 29 avril, mettre en place une aide relative aux charges. Un soulagement pour le Dr. Tamarel, qui les estime à environ 5000€ par mois, entre le loyer du cabinet et les secrétaires à payer. Pour Jean-Paul Ortiz, il s’agit d’un geste “non négligeable”, mais il regrette que ce soit le seul accompagnement dont bénéficient les libéraux. “C’est un premier pas, mais on va être très embêté si ça dure. On ne peut pas laisser les médecins sans rémunération”, dénonce-t-il.

Certaines assurances absentes


De son côté, le Dr. Israël a bien essayé de faire fonctionner sa prévoyance. En vain. “Comme je suis parent d’enfants scolarisés, je me suis déclaré en garde d’enfant, après avoir sollicité une conseillère de la prévoyance qui a validé ma démarche”, raconte-t-il. A la suite d’un second entretien téléphonique, une autre conseillère aurait informé le jeune médecin du rejet de sa demande “au motif d’une cause d’arrêt non reconnu”, explique-t-il. Elle l’informe qu’un fonds d’ 1,5 million d’euros est mis en place “pour venir en aide à nos sociétaires les plus durement éprouvés”, et lui propose d’y souscrire. Cependant, le jeune rhumatologue se voit refuser l’accès à ces ressources… sous prétexte qu’il a “déjà déclaré un sinistre en Prévoyance qui est en cours de traitement au sein de nos services.”

Les médecins libéraux, pour pallier les incuries de l’état, font normalement appel aux assurances privées. Problème: certaines sont aux abonnées absentes en cette période de crise. “Elles ont toutes faites faux-bond”, regrette Jean-Paul Ortiz. “On se retrouve sans aide mutualiste de la part de nos sociétés. Que ce soit des mutuelles ou des assurances privées, c’est tout pareil!”, s’emporte le président de la CSMF. “On paie tous des prévoyances”, explique le Dr. Tamarel. “Mais un collègue médecin et assureur m’a dit que dans les options de perte d’exploitation, il n’y a pas le critère “pandémie”, parce qu’ils savent que ça touchera tous les médecins”.

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