Incendie à Paris : La stigmatisation des personnes présentant des troubles psychiques nuit à la santé publique

Incendie à Paris : La stigmatisation des personnes présentant des troubles psychiques nuit à la santé publique

“Nous y voyons un risque grave de retour à la période des internements et des asiles psychiatriques”

Depuis que les troubles psychiques de la suspecte de l’incendie qui a fait 10 morts à Paris début février sont connus, les jeunes psychiatres Marine Lardinois et Déborah Sebbane craignent un regain de stigmatisation pour leurs patients.

“L’inquiétant profil psychiatrique de la suspecte” de l’incendie qui a fait 10 morts à Paris début février fait couler beaucoup d’encre. Au risque de stigmatiser les personnes présentant des troubles psychiques ?

“Le risque de stigmatisation existe toujours lorsqu’il s’agit d’évoquer les troubles psychiques, au delà des faits récents”, selon Marine Lardinois, psychiatre de 33 ans à Versailles et présidente de l’Association des jeunes psychiatres et des jeunes addictologues (AJPJA).

Mais “la communication publique et les focus qui peuvent être faits sur de tels événements entretiennent cette stigmatisation et les mécanismes qui la sous-tendent”, souligne Déborah Sebbane, psychiatre de 34 ans à Lille et vice-présidente de l’AJPJA.

Or cette stigmatisation n’est pas sans conséquences. “Le risque est de dissuader les personnes de se confier à leurs proches et au corps soignant, ce qui est un problème de taille quand on sait que les troubles psychiques touchent plus de 12 millions de personnes en France, soit une personne sur 5, et plus d’un milliard sur la planète”, explique en effet Marine Lardinois.

"Les troubles psychiques touchent plus de 12 millions de personnes en France"


“Nous avons pu lire dans certains journaux la nécessité de rouvrir des lits ou d’avoir la possibilité d’allonger les durées d’hospitalisation, imaginant que la place des personnes présentant des troubles psychiques serait à l’hôpital pour leur éviter toute exposition à des faits comme celui-là”, déplore de son côté Déborah Sebbane.

“Nous insistons sur le fait que ces raccourcis doivent être évités, car ces deux sujets sont fondamentalement différents, et nous y voyons un risque grave de retour à la période des internements et des asiles psychiatriques”, poursuit-elle.

Mais “véhiculer des informations stigmatisantes sur les personnes qui ont des troubles psychiques n’est pas seulement dommageable en terme de santé publique, c’est aussi inexact du point de vue de l’information”. Car les statistiques sont claires : les personnes présentant des troubles psychiques sont plus souvent victimes qu’auteures de violences.

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