Grève des codages à l'AP-HP: "On va être aidé par les syndicats"

Grève des codages à l'AP-HP: "On va être aidé par les syndicats"

Martin Hirsch en sueur

18/10/2019

Le collectif Inter-Hôpitaux, rejoint par Jeunes Médecins, appelle à la grève du codage. Plusieurs établissements de l’AP-HP ont d’ores et déjà arrêté de rentrer les soins effectués. Martin Hirsch a réagi par un mail en interne.

L’annonce du Projet de loi sur le financement de la sécurité sociale (PLFSS), et notamment l’Objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) fixé à 2,1% a mis le feu aux poudres à l’AP-HP.

“Pour être effectif et à coût constant, il nous faudrait 4% d’évolution positive chaque année. [NDLR: les dépenses de santé augmentent de 4% là où le budget de la santé n'augmentera que de 2.1%] 2.1%, c’est vraiment plus possible, on a déjà fait des milliards et des milliards d’économies. On a des lits de fermés, y compris dans des services de réanimation et de greffe. Ça ne va plus du tout”, s’insurge Anne Gervais, gastroentérologue à l’hôpital Bichat et vice-présidente de la CME de l’AP-HP, alors que l’institution doit déjà se serrer la ceinture à la suite de l’annonce de la ministre Agnès Buzyn du plan de refondation des urgences.

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Le 10 octobre, elle s’est réunie avec le collectif Inter-Hôpitaux, en écho à celui de l’Inter-Urgence. Les deux organisations partagent plusieurs revendications communes.

“Il faut revaloriser le personnel paramédical. Là dessus on est au 26ème rang/29 des pays de l’OCDE, on a vraiment des infirmiers et des aides soignants sous payés”, explique-t-elle. Seconde exigence, sortir du système de tarification à l’activité. Puis stopper la fermeture des lits et mettre en place une “gouvernance qui soit respectueuse de tous, des soignés comme des soignants”.

“S’attaquer au codage, c’est symbolique, c’est aussi s’attaquer à la T2A”



Pour faire pression sur la direction de l’AP-HP et la ministre, le collectif mise sur une stratégie de grève des codages, c’est à dire arrêter d’entrer les soins effectués dans le logiciel de l’hôpital. Avec le tarification actuel, cela équivaut à bloquer les recettes de l’établissement.

“S’attaquer au codage, c’est symbolique, c’est aussi s’attaquer à la T2A. Dès qu’on aura eu satisfaction, les hôpitaux rattraperont le codage. C’est plus de la rétention que de la grève”, soutient Anne Gervais, qui liste les établissements pratiquant déjà ce système. Robert Debré, Beaujon, et le Kremlin-Bicêtre serait déjà en grève, tout comme huit services de la Pitié-Salpétrière. Des AG sont en cours dans les hôpitaux Saint Louis, Lariboisière et Necker pour décider de rejoindre ou non le mouvement.


Dès qu’on aura eu satisfaction, les hôpitaux rattraperont le codage. C’est plus de la rétention que de la grève


Cette annonce a déjà fait réagir Martin Hirsch, qui s’est fendu d’un mail alertant des risques d’une telle action. “La première conséquence, à court terme, est que cela nous contraindra à activer davantage des marchés auprès de prestataires privés, comme nous le faisons pour aider des équipes lorsqu’il y a un retard dans le codage”, écrit-il, avant de poursuivre: “vous savez que nos recettes dépendent de notre taux de recouvrement qui lui-même se fonde sur la facturation qui résulte du codage”.

“On est bien conscient des risques pour le financement de l'hôpital, y compris pour nous”, prévient Anne Gervais. “Il est illégal de ne pas communiquer les informations qui permettent la facturation. On ne veut pas pénaliser les soignés, donc on fait quand même les comptes rendus d’hospitalisation aux patients sous 8 jours etc… Dès qu’on aura eu satisfaction, les hôpitaux rattraperont le codage. C’est plus de la rétention que de la grève”

Pas sans les syndicats



Quant à la place que prendront les syndicats dans le collectif, Anne Gervais est claire: "Il n'est pas question de ne pas travailler avec".

Pourtant, ce mouvement impulsés par les Pu-Ph laisse sceptique. "Leur mobilisation à nos côtés ne doit pas nous empêcher d’exiger de leur part un examen de conscience important. Et du changement. Sinon, on ne fera que répéter l’histoire, et on retiendra de 2019 que « les mandarins ont tenté de sauver l’hôpital public ». Alors que beaucoup d’entre eux ont contribué à leur niveau à le détruire, et ce depuis bien longtemps, tout en restant inamovibles", écrit le Tumblr de l'interne sur sa page Facebook.


A l’écoute?



Le mail interne de Martin Hirsch se conclue de la sorte: “nous n’avons pas besoin de la pression du non codage pour être à l’écoute des difficultés”. Pourtant, lorsque la professeure Olivia Gillion Boyer a tenté de lui rétorquer “Ce qu'on attend de vous et de vos équipes, c'est d'être chaque jour dans le bureau de la Ministre/du Président/des 577 Députés afin de négocier une revalorisation de l'ONDAM à la hauteur des charges et des salaires des infirmiers et soignants afin qu'ils ne désertent plus l'APHP et de nous tenir informés en direct de l'état d'avancement de ces négociations”, les modérateurs ont censuré son commentaire. N’est pas écouté qui le veut.

Jeunes Médecins rejoint les revendications du collectif Inter-Hôpitaux et appelle à la grève du codage pour les médecins de l’AP-HP.

Rémi Yang

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