Garde d'enfants : la galère des médecins parents

Garde d'enfants : la galère des médecins parents

« On a dû se créer un pool de baby-sitters »

Entre les horaires décalées et les astreintes, faire garder ses enfants devient un véritable casse-tête lorsqu’ils n’ont pas école ou que l’autre parent travaille également. Et cela a un coût. Témoignages.

« Une fois, j’ai complètement zappé que j’étais de garde. Voulant faire plaisir à mes enfants, je les emmène au cinéma. Au moment de rentrer dans la salle, mon téléphone sonne », raconte Antoine, à l’époque chirurgien général dans un hôpital niçois. Il fait alors demi-tour et laisse sa fille de 8 ans surveiller son petit frère de 4 ans pendant le film. « C’est leur mère qui est allée les récupérer à la sortie », précise-t-il.

Ce genre d’histoires est le lot de nombreux parents également médecins, de garde en horaires décalées ou d’astreinte. « Avec mon épouse on venait d’emménager. On ne connaissait personne. J’enchaînais les gardes et les astreintes et elle travaillait dans le commerce, donc aussi le samedi et le dimanche », explique Nicolas, oncologue qui a fait ses armes en Bretagne. « Avec mes appels d’urgences réguliers, on a dû s’organiser ». Le jeune couple a en effet dû se créer un « pool de baby-sitters » pour être sûr qu’une personne au moins pourrait se déplacer au dernier moment.

Le « tarif urgence »


« Nous avons même imaginé un ‘tarif urgence’», se souvient Nicolas. « Lorsque la garde de notre fils était prévue à l’avance avec la baby-sitter, c’était 7 € de l’heure ; en cas d’appel de dernière minute, on proposait une rémunération entre 10 € et 12 € de l’heure ». Un sacré budget, qu’Antoine estime pour sa part entre 1 500 € et 2 000 € par an.

D’après l’enquête de Jeunes Médecins et Action Praticien Hôpital sur l’équilibre entre la vie privée et la vie privée des praticiens hospitaliers, 54 % d’entre eux rencontrent des difficultés pour faire garder leurs enfants. Et si 57 % de leurs difficultés sont liées à leurs horaires de travail, 11 % sont liées à leur situation financière. Résultat, ils sont 30 % à souhaiter la mise en place d’un statut de médecin à temps partiel adapté et attractif, de structures de garde d’enfants au sein de l’hôpital avec des horaires adaptés, ou encore d’une heure de sortie prévisible le soir.

Avant la constitution de son « pool de baby-sitters», Nicolas n’avait eu d’autres choix que de laisser son fils chez la voisine en catastrophe. Il l’a remercié avec des pâtisseries bretonnes.

Jérémy Pastor, avec Camille Hamet

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