"Face à l'Assurance Maladie,  nous nous heurtons  à un mur"

"Face à l'Assurance Maladie, nous nous heurtons à un mur"

Dr David Azérad, participant pour "Jeunes Médecins" aux négociations conventionnelles

Les négociations conventionnelles viennent de reprendre. Se présentent-elles sous de meilleurs auspices que l'an passé ?

Dr David Azérad : Depuis le 23 juin dernier, nous planchons sur le neuvième avenant de la convention médicale, qui vise d’une part, à favoriser l’autonomie des personnes âgées en renforçant leur suivi à domicile ; d’autre part, à renforcer le recours aux spécialistes dans le cadre du parcours de soins et à soutenir les spécialités en tension et enfin à définir un nouveau cadre pour la téléconsultation et la télé-expertise. Ce que l’Assurance maladie traduit en langage technocratique par « amorcer le virage numérique historique du Ségur de la santé ».
Sur ce dernier point, nous nous heurtons aujourd’hui à un mur, puisque les médecins payent eux-mêmes des logiciels métiers qui ne sont pas interopérables.
A ces trois objectifs s’ajoutent également l’amélioration de la prise en charge des personnes en situation de handicap et des enfants de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et surtout la fixation d’un cadre pour le Service d’Accès aux Soins (SAS) dont la finalité est de favoriser le premier recours en ville à partir de 2022.

Ces objectifs vous semblent-ils réalistes alors que les négociations conventionnelles doivent aboutir d’ici au 30 juillet prochain ?

Dr David Azérad : Nous avons eu une deuxième réunion le 7 juillet dernier au cours de laquelle sont apparus de nombreux obstacles à surmonter, en particulier du point de vue financier.
La caisse propose par exemple une revalorisation de la visite à domicile à hauteur de 70 euros, mais seulement pour les patients âgés de 80 ans, en ALD (affection longue durée) et dans la limite de trois fois par an.
Quant au SAS, il ne bénéficiera que d’une régulation à hauteur de 90 euros par heure avec un système de points dans le forfait structure pour les effecteurs.
Le compte n’y est donc pas ! Mais au-delà de l’aspect financier, la caisse semble surtout vouloir mettre la charrue avant les bœufs car elle ne donne aucune lisibilité sur les créneaux auxquels devrait avoir accès le régulateur ; privilégiant ainsi l’acteur majoritaire.

Et pour le recours aux spécialistes ?

Dr David Azérad : Il existe bien évidemment, là aussi, un enjeu financier, mais c’est avant tout un problème de fond dont la caisse ne semble pas avoir encore pris la mesure.
Il faudra donc aboutir à une revalorisation des spécialités en tensions démographiques, que sont les pédiatres, les psychiatres et les gynécologues et corrélativement obtenir une aide en structure pour tous ces consoeurs et confrères qui ont pâti du transfert d’une partie de leurs compétences.

Le chemin à parcourir est donc encore long…

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