“C’est désespérément calme”, les pédiatres et la crise du Covid

“C’est désespérément calme”, les pédiatres et la crise du Covid

“La pédiatrie est un non-sujet” ?

Face à la crise du Covid, les pédiatres se sont préparés. Unités dédiées, protocoles de consultation stricts… Mais finalement, le virus touche beaucoup moins les enfants que les adultes. Et l’afflux de patients n’est jamais venu.

“C’est désespérément calme”. Dans son CH du sud de la France, la pédiatre Noémie Perez ne se tourne pas les pouces, mais son activité est fortement réduite depuis le début de la pandémie. Les écoles ayant fermé, et confinement oblige, les virus circulent moins chez les enfants.

Concernant le Covid-19, le Dr. Perez raconte que son service a pris les précautions nécessaires, mais attend toujours l’afflux. “Nous ne savions pas du tout ce qui nous attendait, ce qui allait se passer. Il s’avère qu’en pédiatrie, les patients sont très peu malades, très peu ont besoin d’une hospitalisation.”

Même son de cloche en Bretagne, où aux urgences du CHU de Rennes, la pédiatre Amélie Dhalluin décrit une activité “diminuée par rapport à d’habitude”. “Avec ce confinement, il y a moins d’enfant qui viennent consulter aux urgences, que ce soit pour de la traumato, de la fièvre ou autre”, constate-t-elle. “On a aussi structuré une unité covid, où on accueille les enfants suspects qui ont de la fièvre et de la toux. Mais on a assez peu d’enfants à tester et assez peu d’enfants positifs.”

“La pédiatrie est un non-sujet”


Les deux pédiatres n’ont pour l’instant pas eu à faire à de cas graves de covid, et rares sont les enfants à être dépistés covid positif. “Toutes les PCR que nous avons faites sont négatives chez nous, alors que ce sont des enfants qui viennent de foyers où il y a des adultes chez qui l’infection a été confirmée par PCR. C’est assez mystérieux”, se questionne le Dr. Perez. Même constat pour le Dr. Dhalluin: “On a assez peu de patients revenus positifs”. Elles supposent que beaucoup d’enfants sont de “faux-négatifs”.

Fatia Cherfioui, pédiatre installée dans un cabinet des Hauts-de-Seine, a constaté “une majorité de pauci symptomatiques et d’asymptomatiques, donc c’est très difficile de faire le diagnostic par téléconsultation”. Toujours est-il qu’aucun de ses patients n’a développé de cas sévère nécessitant un passage aux urgences.

Lors d’une réunion avec l’ARS, Noémie Pérez se rappelle d’une réponse assez brute alors que les pédiatres s’interrogeaient sur leur sort. “On nous a répondu: ''La pédiatrie est un non-sujet'' ”, se rappelle-t-elle. Aujourd’hui, face au peu de cas chez les enfants, elle confirme: “La pédiatrie est effectivement un non-sujet”.

“On maintient le suivi des nourrissons et les consultations avec vaccins en présentiel”


Malgré le peu d’enfants touchés par le covid, les pédiatres se sont organisés pour faire face à la crise. Fatia Cherfioui liste les mesures qu’elle a mises en place. Temps de consultation plus longs, désinfection systématique de tout le matériel après chaque consultation, port du masque pour ses patients et pour elle, en plus d'autres protections, favorisation du paiement par carte bancaire, respect des gestes barrières, solution hydroalcoolique à l’entrée et à la sortie du cabinet… La jeune médecin a pris ses dispositions pour continuer à exercer. “On maintient le suivi des nourrissons et les consultations avec vaccins en présentiel, pour qu’il n’y ai pas de résurgence d’épidémie d’autre maladie”, explique-t-elle. Avant tout, elle s’assure en amont, via une téléconsultation ou un coup de fil, de la pertinence d’une consultation en physique.

Des unités dédiées, mais pas très utilisées


A l’hôpital, les structures ont aussi dû se réorganiser pour éviter le ballet des allers et venues des parents. “On a formé une unité covid, avec une entrée différenciée et une unité dite “de courte durée” complètement dédiée aux patients suspectés de covid, et où on garde hospitalisés ceux qui sont positifs”, explique le Dr. Dhalluin, aux urgences pédiatriques de Rennes.

De son côté, le Dr. Perez détaille: “Nous avons ouvert une unité de surveillance continue parallèle et une unité d’hospitalisation conventionnelle Covid dans un secteur du service qui pouvait être isolé sur plan de la ventilation. Pour des raisons d’aller et venues des parents, la direction a préféré ne pas le mettre là où il y a les unités Covid adultes”. Mais pour autant, cette unité n’est pas très utilisée. “Nous n’avons jamais rempli les lits que nous avions prévu, et le service normal est à moitié vide”.

Pas encore adhérent ?

Faites partie de la communauté des Jeunes Médecins

  • > Faites-vous entendre et participez au renouveau de la profession
  • > Profitez des offres et des avantages réservés aux adhérents
  • > Participez aux événements dans votre région